To shampoo or not to shampoo

Le No-poo et W-O : j’ai testé et approuvé, et je vais vous dire pourquoi.

Mais d’abord, No-poo et W-O, kesako ? Faisons un petit point sur ces termes que l’on voit de plus en plus souvent sur la toile mais qui méritent d’être clarifiés pour les non-initié.e.s :

« No poo » est un raccourci pour « no shampoo », soit « pas de shampoing » (avec un savant jeu de mot car « poo » = « caca »). Il s’agit donc de ne plus utiliser de shampoing pour se laver les cheveux, mais d’utiliser des produits alternatifs et souvent naturels. Après il y a différentes écoles :

• utiliser du démêlant (conditioner) – bon, si pour vous le No-poo était une occasion de ne plus vous ruiner ni engraisser l’industrie cosmétique, là c’est loupé (et selon ce qu’on achète comme produit démêlant, ça peut être un peu « poo » quand même)
  
• utiliser des produits « naturels » : bicarbonate de soude, ou poudre de plantes lavantes (et il y a le choix : rhassoul, shikakai, SIDR…)
• ne rien utiliser d’autre que de l’eau : c’est donc ce qu’on appelle le W-O, pour « Water Only ». On se rince simplement cheveux à l’eau et ça suffit

Et ça marche ???!!!

Et bien en ce qui me concerne, je répondrais un grand OUI ! Mais c’est à force de tâtonnements que j’ai finalement trouvé la « recette » de mon bien-être capillaire 🙂
Avant de la partager avec vous, je vous raconte rapidement comment j’en suis arrivée à décider d’abandonner le shampoing.

C’était il y a pas loin de deux ans, et ça faisait déjà un petit moment que je testais des idées pour faire mes cosmétiques maison avec des produits naturels (démaquillant, soin hydratant…), et je cherchais à faire pareil pour le shampoing, sans vraiment trouver de recette qui me convenait pour fabriquer mon shampoing maison… Et je suis tombée sur cet article d’Antigone XXI. L’idée de ne plus utiliser de shampoing DU TOUT était un peu inattendue pour moi, mais plutôt séduisante, déjà parce que j’adore tester les nouveaux trucs, et surtout car ça a le mérite d’être simple : pas besoin de fabriquer quoi que ce soit…

Bon il s’avère que ce n’est pas si simple que ça, ça m’a demandé pas mal d’ajustements et de changements dans mes habitudes (en perdre certaines et en prendre d’autres). L’article d’Antigone XXI sur le sujet étant très complet (je vous invite vivement à le lire si ce n’est pas déjà fait), je ne vais pas répéter ici ce qu’elle y explique, mais plutôt vous dire ce que j’ai testé et qui marche bien (ou pas) pour moi. Et témoigner que OUI c’est possible de ne plus utiliser de produits détergents et de garder des cheveux doux et propres, et que OUI, on peut prendre soin de soi – et de son environnement – sans se ruiner.

Après, à chacun.e de trouver son « équilibre capillaire » ^^ et j’espère que mon expérience vous donnera soit la motivation de vous lancer, soit des idées à tester, ou des réponses à vos interrogations existentielles (« et la pluie ça lave les cheveux ?? »)

Les produits que j’utilise

Alors, plutôt no-poo ou W-O ? disons que je me situe plutôt entre les deux.

Bon, j’ai arrêté le shampoing, ça, on est ok là-dessus. Est-ce que pour autant je ne mets jamais rien d’autre que de l’eau sur mes cheveux ? Faut être honnête, pas vraiment. Mais les produits que j’utilise ne sont pas détergents (et même pas forcément lavants), et ce sont des produits bruts (intérêt : c’est moins cher ! et pas d’ajout de produits de synthèse toxiques style paraben et compagnie). Et c’est principalement ça qui compte pour moi.

Ce que utilise et à quelle fréquence :

du henné

Pour le côté soin (ça gaine les cheveux), et pour la rousse attitude yeah. Je mets toujours un peu d’huile dans ma pâte de henné pour renforcer les propriétés nourrissantes du soin. J’en fais un tous les 6 mois environ.

du shikakai (poudre du fruit de l’acacia)

Ça nettoie sans agresser et ça rend mes cheveux tout doux. En plus j’adore l’odeur chaude un peu épicée et la ressemblance avec un chocolat chaud bien mousseux quand il est prêt à être étalé sur ma chevelure ❤

En gros, on peut dire que c’est ce qui a remplacé mon « shampoing », et j’en fais un tous les … 1 à 2 mois, voire moins souvent !

du vinaigre de cidre et des huiles essentielles

J’ai reconverti un flacon de shampoing dans lequel je mélange du vinaigre de cidre et quelques gouttes d’huiles essentielles que j’ai choisies essentiellement pour l’odeur (mais il parait qu’elles sont bien pour les cheveux) : pamplemousse, lavande/lavandin, ylang ylang, menthe poivrée… Je mets un fond de ce mélange dans une petite bouteille d’eau que je remplis (d’eau froide idéalement, mais glagla l’hiver) et que je verse systématiquement en guise de dernière eau de rinçage à chaque fois que je me passe les cheveux sous l’eau, en massant bien la base des cheveux et le cuir chevelu. Ça les fait briller et ça atténue les méfaits du calcaire qui peut rendre les cheveux un peu poisseux je trouve.

du bicarbonate de soude

Je n’utilise pas le bicarbonate de soude comme produit nettoyant en « no-poo ». Je n’aime pas du tout l’effet collant que ça donne aux cheveux quand on l’applique (réaction due au pH basique si j’ai tout compris, qui fait que les écailles s’ouvrent). Par contre, j’utilise ces propriétés pour permettre au henné de « prendre » encore plus :

• j’applique une petite bouteille de mélange eau / bicarbonate, je répartis bien partout
• je laisse 5 minutes et je rince abondamment
• j’applique le henné – et je laisse poser des heures… tant que j’arrive à tenir !
• je rince le henné et j’applique le vinaigre qui va resserrer les écailles colorées au henné

de « l’huile capillaire »

Pour nourrir mes cheveux, je me fabrique une huile capillaire toute simple, en mélangeant des huiles végétales connues pour leurs propriétés bénéfiques pour les cheveux.

La recette de mon huile capillaire (pour 100 mL)

• Huile de coco (70 mL)
• Huile de papaye (10 mL)
• Huile de fruit de la passion (10 mL) <- c’est surtout pour l’odeur – MIAM !
• Huile d’abyssinie (10 mL)

la prochaine fois, je teste le mélange avec de l’huile de moutarde !

et surtout… de l’eau ! (mais on va y revenir)

Les habitudes que j’ai changées

Le plus délicat, ce n’est pas forcément de trouver le produit alternatif au shampoing. C’est plutôt du bonus, j’aurais même tendance à dire que c’est une béquille qui permet de compenser le fait qu’on n’a pas encore pris les bons réflexes pour entretenir ses cheveux au quotidien, réflexes qui eux permettent de se passer de produits lavants (si si j’vous assure vous allez voir)

Je me brosse les cheveux

Tout le monde le dit dans la sphère no-poo, il faut se brosser les cheveux le plus souvent possible ! Pourquoi ? pour bien répartir le sébum le long du cheveux car il a vocation à le nourrir sur toute sa longueur, et pour masser le cuir chevelu, car cela stimule l’oxygénation du crâne et ça aide vachement les cheveux à se sentir bien ^^

Avant, je pensais que le brossage ça rendait mes cheveux raplapla et gras : c’est surement parce qu’à force de m’agresser le crane avec des shampoings détergents, il réagissait en sur-fabriquant du sébum, et c’est ça qui rendait mes cheveux gras.

Et si t’as les cheveux bouclés ? Ben figure toi que moi aussi, depuis que je n’utilise plus de shampoing, j’ai des boucles ! parfois même des anglaises (et moi qui en rêvais depuis des années, si j’avais su que ça ne tenait qu’à ça… !). En fait, même si sur le coup le brossage efface les boucles, elles finissent par se reformer toutes seules, comme des grandes (ou des petites dans mon cas). On peut même les aider en humidifiant un peu les cheveux après le brossage.

J’essaie donc de me brosser les cheveux tous les jours, si possible matin et soir, mais en réalité, je n’arrive pas à être aussi assidue que je le voudrais. En tout cas ça fait trop du bieeeeeeeeeen 🙂

Et du coup, l’instrument primordial : la brosse à cheveux ! j’en ai choisi une en poil de sangliers, pour un vrai effet répartition du sébum ET ça masse carrément bien le cuir chevelu. Par contre, c’est galère galère à nettoyer (c’est l’occasion de passer vos restes de shampoings si vous en avez). Mais quand je vois tout ce que ça accroche comme saletés (des poussières, des poussières, et encore de la poussière), je me dis que mes cheveux doivent vraiment apprécier le brossage.

UPDATE : j’ai enfin trouvé THE brosse à cheveux, au Salon Primevère. 100% naturelle et végétale (on ne fait pas mal aux charmants sangliers – comment ça c’est pas charmant un sanglier ?). Si comme moi vous cherchez en vain un magasin où trouver la perle rare, je ne peux malheureusement rien vous conseillez, car le stand où je l’ai acheté fait exclusivement de la vente en ligne (ou lors de foire et salon). Je n’ai pas trouvé ma brosse sur leur site internet –vous ne la verrez donc pas (tout de suite) en photo mais vous pouvez me croire sur parole si je vous dis qu’elle est trop beeeeeeeelle – mais je vous conseille d’aller sur les stands de salons bien-être et tout ce qui s’y rapporte, vous trouverez surement plus facilement votre bonheur !

Je me lave régulièrement les cheveux à l’eau

Avant, je pensais que mouiller mes cheveux les faisait regraisser plus vite. Autant dire que c’était pas gagné pour passer au « Water Only ». Et bien maintenant que mes cheveux ne sont plus « addicts au shampoing » (vous savez le phénomène du plus j’en mets, et plus j’en ai besoin, un peu comme la drogue quoi), ils ressortent de mes lavages à l’eau (toujours suivi d’un rinçage au vinaigre, surtout que l’eau chez moi est assez calcaire) parfaitement propres, pas du tout gras (la preuve, c’est un truc que m’avait appris un coiffeur il y a longtemps : il suffit de frotter une petite mèche de cheveux mouillés entre ses doigts -> si ça grince, c’est que c’est propre).

Du coup, je ne crains plus la pluie en me disant « mince, je vais encore avoir les cheveux dégueu ». Au contraire, je me dis « chouette, je vais avoir plein de boucles ^^ ».

Mais quand je parlais d’habitude difficile à prendre ou à perdre… J’ai mis du temps (beaaaaaaaaaucoup de temps) à me sortir de la tête que non, me passer les cheveux à l’eau n’allait pas les salir, au contraire. Et donc à avoir le réflexe de me laver les cheveux à l’eau (et de ne pas ressortir l’artillerie shikakai et compagnie) quand ils commencent à être un peu sales. Et surtout, à me rappeler que le mieux est de me les laver à l’eau le plus souvent possible (bon pas forcément tous les jours surtout quand ils sont longs, mais 2-3 fois par semaines, c’est déjà bien). Et toujours, pour que le lavage soit le plus bénéfique possible, en massant bien le cuir chevelu. Vous allez A-DO-RER !

Je nourris mes cheveux quand ils sont gras

C’est un peu contrintuitif. Et pourtant : quand les cheveux regraissent, c’est qu’ils produisent du sébum pour se nourrir, c’est donc qu’ils ont besoin d’être nourris. A plusieurs reprises j’ai donc tenté, au lieu de les laver, de nourrir mes cheveux (enfin, les pointes) quand ils commençaient à me paraitre sales.

Comment ? Avec l’huile capillaire dont je vous ai donné la recette plus haut, que j’applique sur les longueurs en massant bien. Je ne rince pas. Non. Sérieusement. Alors l’idéal si ça vous fait peur de sortir avec de l’huile dans les cheveux, c’est de faire ça au coucher. En plus mon huile capillaire elle sent trop bon, ça embaume l’oreiller 🙂

Résultat ? C’est épatant ! Le lendemain, voire le surlendemain (si j’ai trop attendu pour faire ce « traitement huile »), mes cheveux sont doux et propres, sans avoir eu besoin de les rincer ou les laver avec quoi que ce soit !

Astuce : j’emporte cette huile capillaire avec moi quand je vais à la plage ou à la piscine, et je l’applique bien sur mes cheveux avant le bain pour les protéger.

Je coiffe mes cheveux

Parce que les rassembler permet de les protéger (l’union fait la force !), je prends de plus en plus souvent le temps de les coiffer. Mais attention, quand je dis « coiffer », je ne parle pas de mettre un élastique qui sert la tignasse en un machin qui ressemble vachement à un chignon (ça c’était AVANT). Je parle plutôt de ce genre de coiffure là (mais en moins bien parce que je suis pas aussi douée de mes mains – mais je m’améliore – et que mes cheveux ne sont pas encore assez longs) :

Tresser les cheveux c’est une manière très douce de les attacher entre eux pour qu’ils se protègent mutuellement et soient moins sensibles aux agressions. Et en plus c’est joli !

Bien sûr ça ne m’empêche de leur rendre régulièrement leur liberté, façon tignasse sauvage (ou pas), histoire qu’on admire un peu mes boucles ^^

Les problèmes rencontrés

Et oui, faut dire ce qui est, la transition ne s’est pas faite du jour en lendemain sans quelques déboires…

Déjà, il faut un moment pour « désintoxiquer » ses cheveux de tous ces produits « poo » (enfin, « caca » quoi). Et encore, quand j’ai entamé ma transition vers le no-poo, je n’utilisais déjà plus de poo en fait, je faisais essentiellement des lavages au shikakai (beaucoup plus souvent que maintenant) et à la limite, exceptionnellement, avec des shampoings bio.

Ce qui a été difficile, c’est d’interpréter les signes que me renvoyaient mes cheveux pour comprendre ce dont ils avaient vraiment besoin (oui maintenant je communique avec mes cheveux). C’est tout un apprentissage, et il faut surtout s’armer de patience.

Et puis il y a toujours un détail capital sur lequel je butte encore :

Comment nettoyer sa brosse à cheveux

Au bout d’un an d’utilisations, un amas de poussières s’est agglutiné à la racine des poils, et je n’ai pas trouvé de solution satisfaisante pour les faire disparaitre.

Passer la brosse au peigne ? C’est assez efficace, mais mon peigne n’a pas l’air d’apprécier (peut-être faudrait-il que je change de peigne).

Mon rituel actuel c’est de plonger la brosse dans du bicarbonate de soude et de l’eau bouillante, en espérant que ça dissolve ces vilains tas de poussières. Mais ça marche pas trop… Des fois je rajoute du vinaigre blanc quand l’eau commence à refroidir, ça crée une réaction effervescente qui peut contribuer à éliminer les saletés. Bon, pour l’instant je suis pas emballée…

La solution c’est peut-être de trouver une bonne brosse à cheveux faite de telle façon qu’elle est facile à nettoyer et qu’il n’y a pas de crevasses autour des touffes de crins qui appellent la poussière à s’incruster…

UPDATE : ça y est j’ai trouvé LA BROSSE (et je vous dirai des nouvelles du nettoyage) !

 

Le verdict est sans appel :

mes cheveux se portent très bien, et même beaucoup mieux, sans shampoing (sans oublier les avantages écologiques et économiques). Et vous, envie de vous y mettre ? Ou de partager votre expérience, ou vos astuces ?